La menuiserie constitue le travail de base de l’artisan. Les assemblages les plus solides sont faits en ajustant des pièces de telle sorte qu’elles s’emboîtent étroitement. Ces assemblages peuvent être de plus renforcés en y insérant des chevilles de bois, en y enfonçant des coins, en appliquant de la colle ou en utilisant des fixations mécaniques comme les vis ou les clous. Tout l’art du travail consiste à concevoir chaque assemblage de telle sorte qu’il résiste aux contraintes spécifiques, et notamment dans la construction de maison en bois, qui lui seront imposées. Le menuisier doit connaître la nature des différentes pièces de bois destinées à être assemblées. Il doit tenir compte de son grain et de sa texture, de ses forces et de ses faiblesses ; les diverses parties devront être conçues pour s’ajuster à la perfection, ou presque ; et il faudra prévoir la rétractibilité ou le gonflement qui se produiront inévitablement avec le temps.

Il existe une grande variété d’adhésifs liquides prêts à l’utilisation. Parmi ceux-ci : de nombreuses marques de colle blanche, la colle jaune ou résine aliphatique (qui durcit parfois plus difficilement), la colle imperméable à la résorcine et la colle animale. Chacune d’elles correspond à un emploi spécifique.

Les colles

Autrefois élément indispensable au travail du menuisier de campagne, la colle animale, préparée à partir de peaux, de cornes et sabots des bovins et des chevaux n’est plus qu’un souvenir du passé, de même que l’odeur désagréable du pot de colle bouillonnant qui faisait jadis partie intégrante de tout atelier de menuiserie. On peut encore en trouver sous forme de paillettes. Cette colle a deux avantages : elle est bon marché et peut se conserver indéfiniment. Ce n’est d’ailleurs pas une mauvaise idée que de garder une livre ou deux de cette colle sèche qui sera utilisée en cas d’urgence.

Quels sont les différents types d’assemblage ?

Assemblage en joint à plat. La pièce de bois est ajustée étroitement à angle droit contre l’autre et maintenue en place avec de la colle, des clous, des vis, des chevilles ou encore avec des équerres de métal. Dans plusieurs des projets illustrés dans les pages suivantes, on assemble en joint à plat; on obtient ainsi des surfaces plus grandes (des dessus de table, par exemple) en collant ensemble les chants de planches étroites.
Assemblage à onglet. Au lieu de s’ajuster à angle droit comme dans les assemblages bout à bout, deux morceaux de bois sont coupés en biais pour former un angle en s’ajustant. Lorsque les deux pièces sont coupées à 45°, on appelle cet assemblage joint d’onglet.
Assemblage à mi-bois. Les deux pièces sont entaillées pour s’ajuster l’une au-dessus de l’autre, formant ainsi deux couches dont la superposition aura la même épaisseur que chaque pièce. Cet assemblage peut être réalisé à l’extrémité des planches ou se trouver à l’intérieur. Il est important que les entailles soient faites en travers du fil du bois et que l’ajustage ne soit pas trop serré afin de ne pas engendrer une contrainte excessive sur la jointure.
Assemblage à tenon et mortaise. Une langue (le tenon) taillée dans l’une des extrémités d’une pièce de bois s’ajuste exactement dans un trou (la mortaise) percé dans une autre pièce. Il y a des variations innombrables sur ce thème. Parmi tous les assemblages à tenon et mortaise utilisés dans les projets des articles suivants, aucun n’est exactement similaire. Certains sont des « assemblages complets » — le tenon traverse toute la pièce mortaisée. Dans d’autres, la mortaise est « aveugle », c’est-à-dire juste assez profonde pour maintenir le tenon. Certains sont maintenus par des chevilles ou par des coins fixes ou amovibles, d’autres ne le sont pas.
Assemblage en queue d’aronde. Des queues en forme d’éventail sur une pièce de bois viennent s’ajuster entre des tenons sur l’autre pièce. Bien que l’assemblage soit occasionnellement collé ou renforcé par des pointes ou des chevilles de bois, il vaut mieux que sa solidité résulte avant tout d’un bon ajustage (voir bientôt : « L’assemblage de l’étagère »).

Quelle que soit la sorte de colle utilisée, les surfaces du bois doivent être parfaitement arasées et propres. Lorsque vous collez les chants des planches, rabotez-les bien en les mettant d’équerre. S’il s’agit de planches assez longues, rabotez de façon à obtenir une courbure légèrement convexe de telle sorte que les extrémités des planches soient distantes d’environ 3 à 6 mm. Appliquez la colle sur l’un des chants, puis exercez une pression égale avec des serre-joints jusqu’à ce qu’un peu de colle suinte.

Avant de coller deux ou plusieurs planches, observer les courbes du fil du bois dans le bout des planches. Pour éviter le gauchissement du bois, placer les planches côte à côte de manière à faire alterner les courbes afin de ne pas avoir de mauvaises surprises.

Comment mettre sous presse ?


Presses à panneaux.
 En utiliser assez pour que les pressions soient réparties également. Pour éviter le gauchissement, les disposer alternativement au-dessus et au-dessous de la pièce à coller. Quelle que soit la méthode choisie, placer des serre-joints en fer à cheval aux extrémités de l’assemblage, pour assurer la planéité du panneau.

Bâti et coin. Faire le bâti d’une taille légèrement supérieure à celle de l’assemblage. Exercer une pression avec quelques coins glissés entre l’assemblage et le bâti. Des planches disposées en diagonale préviennent le gauchissement du bois. Pour éviter que le bâti ne colle aux planches ne pas oublier d’intercaler un papier paraffiné.

Tourniquet. Tailler deux planches de la même épaisseur que celle des planches à assembler, mais d’une longueur légèrement supérieure. Faire passer une corde de 6 mm deux fois sur leurs extrémités et la fixer. Puis exercer une pression en tournant la corde à l’aide d’un garrot de bois dur. Des lattes placées à la perpendiculaire maintiennent solidement les garrots en place, jusqu’à la prise de la colle.

L’emploi des clous et des vis

Certains ébénistes assez exigeants dédaignent l’utilisation d’un système d’assemblage métallique, mais, pour la plupart des vieux charpentiers de campagne et des menuisiers, l’emploi de clous et de vis constitue un compromis raisonnable. Si vous recherchez l’authenticité en effectuant différentes réalisations telles que le berceau, utilisez des clous fabriqués à l’ancienne, que l’on peut trouver avec ou sans tête façonnés à la main chez des quincailliers spécialisés, ou alors faites-les vous-même. Les clous modernes se présentent sous trois formes, les plus utiles pour lac fabrication de meubles : les clous communs à large tête, que l’on trouve dans des tailles très variées ; les clous à tête ronde, utilisés surtout dans un but décoratif; les clous à tête d’homme, destinés à être encastrés et invisibles.

La taille des clous est exprimée par leur longueur, leur diamètre étant normalisé à partir de celle-ci. Des clous coupés fendront moins le bois dur que ne le feraient des clous tréfilés, à condition qu’ils soient enfoncés de façon que leur tête plate soit bien parallèle au sens du bois. Pour éviter que le bois ne se fende en utilisant des clous tréfilés, émoussez la pointe avant de les enfoncer afin qu’ils n’agissent pas comme des coins; dans des bois durs, percez d’abord un avant-trou d’un diamètre légèrement inférieur à celui du clou. Pour émousser la pointe d’un clou, donnez lui plusieurs petits coups de marteau.

Les vis à bois sont filetées sur les deux tiers environ de leur longueur. La grosseur de la tige au-dessus du filetage détermine la taille de la vis. Pour percer un avant-trou dans du bois tendre avant de mettre la vis en place, choisissez une mèche qui soit d’un diamètre sensiblement égal au cœur du filetage, tenez la vis en plein lumière, et placez la mèche devant cette vis (choisissez une mèche qui permette d’apercevoir le filetage de la vis de chaque côté). Pour les bois durs, percez d’abord avec une mèche légèrement plus grande que pour le bois tendre. Puis élargissez le tiers supérieur du trou avec une deuxième mèche du même diamètre que la tige de la vis.

Comment reproduire un modèle

Les patrons sont tracés sur une grille dont les carreaux ont 1 cm de côté. Pour les agrandir à l’échelle souhaitée les reporter sur une grille au papier épais dont les carreaux seront augmentés proportionnellement, puis recopier le modèle sur la grille.

Posez le patron sur la surface du bois et tracez les contours avec une pointe à tracer ou intercalez un carbone entre le bois et le papier.

Comment faire chevilles et coins

Le calibreur de chevilles est une plaque de métal percée de trous dont le diamètre est gradué. Faire passer la cheville dans un trou pour diminuer sa taille. Puis, utiliser le calibreur : ses trous sont légèrement coniques de manière à comprimer la cheville introduite par le côté le plus large et à racler les excédents lorsqu’on la retire.
Pour faire des coins, prendre des morceaux de bois dur de la largeur et de l’épaisseur désirées pour la plus forte épaisseur du coin. Utiliser le rabot pour effiler la pointe suivant l’angle désiré, puis scier pour obtenir le coin un peu plus long que nécessaire de façon à tenir compte de l’écrasement lorsqu’on l’enfonce.
Des cales sont utilisées pour renforcer tenons et chevilles dans des mortaises « aveugles » où les coins classiques ne peuvent être enfoncés par l’extérieur de la mortaise. Elles devront être plus courtes que la profondeur de l’encoche du tenon pour éviter de fendre la pièce mortaisée. Insérer la cale dans le sens opposé à celui du fil.

Qu’est ce qu’un trusquin a mortaiser ?

Le trusquin classique n’a qu’une pointe pour tracer une seule ligne parallèle au bord, à la surface ou à l’extrémité d’une planche. Le trusquin à mortaiser possède deux pointes supplémentaires (la pointe intérieure et mobile) pour tracer deux lignes parallèles à l’écartement choisi. Pour tracer des lignes sur une pièce de métal on utilise également un trusquin.

Ne pas oublier les finitions

Le facteur le plus important pour les finitions est la préparation du bois. Les menuisiers de campagne n’utilisaient que rarement le papier de verre, se fiant plutôt à leur habileté à manier rabots, racloirs, planes et grattoirs pour obtenir une surface lisse. Le matériau qu’ils prenaient d’habitude pour les finitions était une peinture à base de lait ou de l’huile de lin bouillie coupée pour moitié avec de la térébenthine. Quelques commerçants continuent à vendre de la peinture à l’ancienne à base de lait, sous forme de poudre.

Si vous désirez vous servir d’huile de lin, appliquez le mélange généreusement à la brosse jusqu’à ce que le bois ne puisse plus rien absorber. Enlevez l’excédent, puis frottez avec un tampon de tissu propre assez longtemps. Laissez sécher durant deux jours, puis appliquez une autre couche. Quatre ou cinq couches embelliront l’aspect du bois en lui donnant un brillant éclatant. Une porte extérieure traitée avec de l’huile de lin pourra résister longtemps aux intempéries sans subir aucune dégradation.

Savoir reconnaître un meuble ancien

Si vous souhaitez acquérir chez un brocanteur ou un antiquaire un meuble rustique ou d’époque authentique, voici quelques conseils pour vous aider à distinguer le vrai du faux. Ne vous laissez pas prendre aux trucages grossiers tels que les assemblages vissés ou cloutés. Un meuble ancien est toujours assemblé à l’ancienne avec tenons et mortaises ou chevillé.

Examinez bien aussi la patine.

Quelle que soit sa matière (bois clair comme le sapin ou le chêne, foncé comme les fruitiers), un meuble ancien présente une teinte chaude et profonde, une patine particulière acquise avec le temps qu’une teinture du commerce ne pourra jamais égaler, car cette dernière colore en surface et ne pénètre pas dans les fibres du bois, donnant ainsi une couleur artificielle. Des faussaires plus habiles vont jusqu’à vieillir du bois neuf en l’entreposant dans un endroit humide ou en l’exposant à la fumée ! Dans ce cas, il est parfois difficile de se faire une opinion juste.

Il existe heureusement un moyen infaillible pour ne pas se laisser berner : il s’agit de l’examen des trous de vers qui est déterminant. Tous les meubles anciens ne sont pas mangés aux vers (l’acajou, par exemple n’est pas attaqué), il ne faut donc pas se fier aveuglément à leur présence pour établir l’authenticité d’un meuble. Un meuble dit « d’époque » peut être criblé de faux trous de vers pour faire ancien, mais la supercherie est aisée à découvrir. Ces faux trous sont faits avec des pointes (ou des plombs de fusil de chasse) qui donnent des tunnels rectilignes alors que ceux creusés par les vers sont en zig-zag. A l’aide d’une épingle, on peut voir si le trou est droit ou non, si l’aiguille s’enfonce, soyez sûr que ce n’est pas le travail des vers.

Autre gage d’authenticité : les arêtes émoussées. En effet, un meuble ancien n’offre jamais d’arêtes vives.

Si vous recherchez un meuble en placage, sachez que ceux d’origine ont une épaisseur irrégulière alors que les placages modernes exécutés à la machine sont réguliers et uniformes.